Eté comme hiver, les conditions climatiques extrêmes ont une grande influence sur la qualité finale du béton. Dans un précédent article nous avions évoqué les conséquences du froid sur ce matériau ainsi que les précautions et pratiques préventives pour continuer à maçonner en toute sérénité : accélérer le durcissement du béton, éviter son contact direct avec tout élément à surface froide, le protéger et le réchauffer pendant et après sa mise en place… Mais quand les températures hivernales chutent sous les 5°C, toutes ces bonnes pratiques pour être vraiment efficaces exigent également de privilégier l’emploi de certains ciments spécifiques.
Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir quels sont ces ciments, leurs caractéristiques et comment s’assurer de leur parfaite mise en œuvre par grand froid.
Ciments CEM I 52,5 : le bon choix pour l’hiver
Le froid paralyse non seulement la logistique et la productivité des chantiers mais ralentit aussi les réactions d’hydratation du ciment, allant jusqu’à les arrêter lorsque les températures deviennent très négatives. Le risque étant d’affecter de manière irréversible les caractéristiques physiques et mécaniques du béton frais (avant la prise) comme du béton jeune (après la prise).
Pour prévenir ce risque Il est fortement recommandé d’utiliser un ciment à durcissement rapide et à chaleur d’hydratation élevé tel que le CEM I 52,5N ou 52,5R. Communément appelé ciment Portland, le CEM I résulte du broyage de clinker et de sulfate de calcium (gypse ou anhydrite) pour régulariser la prise, complété éventuellement de constituants secondaires mais en faible quantité. Les ciments CEM I 52,5 N ou 52,5 R sont réputés convenir pour le béton armé ou précontraint, bétons pour lesquels est recherchée une résistance élevée.
En revanche, leurs caractéristiques mécaniques dissuadent de les utiliser pour les travaux de maçonnerie courante.
Généralement destinés au béton pour bâtiments de génie civil ou d’ouvrage d’art, nos 2 ciments se révèlent aussi très adaptés aux opérations de décoffrage rapide notamment par temps froid. Ils se composent de 95 à 100% de clinker et de 0 à 5% de constituants secondaires.
La régularité de la prise étant facilitée grâce à la présence en faible quantité de sulfate de calcium. A court terme sur 2 jours, leur résistance à la compression sur mortier est d’environ 20 MPa pour le CEM I 52,5 N et 30 MPa pour le CEM I 52,5 R en valeur limite inférieure.
Les 2 ciments atteignant 50 MPa en résistance courante sur 28 jours.
Nos conseils de mise en œuvre
Comme pour la plupart des ciments mais surtout par temps froid, l’emploi des CEM I 52,5N et 52,5R doit s’accompagner de plusieurs précautions :
- Une utilisation en dosages élevés, supérieurs à 30kg/m3
- Le choix de granulats non poreux, propres (exempts de matières organiques) et préservés du gel
- Un dosage du rapport eau/ciment le plus faible possible
- Un gâchage du béton avec de l’eau potable, si possible tiède ou chaude
- Le recours à des adjuvants normalisés tels que réducteurs d’eau et accélérateurs de prise ou de durcissement, après avoir vérifié leur compatibilité avec les ciments concernés.
Voilà pour les recommandations techniques… Sans oublier bien sûr les consignes de protection individuelle liées à ce type de travaux: éviter tout contact du ciment avec la peau et les yeux et utiliser des équipements adaptés (gants, chaussures imperméables, lunettes…).
Qui a dit que le ciment ne supportait pas le froid hivernal ?